L’aérodynamisme : un levier souvent négligé pour réduire sa consommation de carburant

Publié le , par Fabien LE CORRE
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Sur la route, tous les véhicules ne sont pas égaux face à l’air. À haute vitesse, l’aérodynamisme devient un facteur crucial dans la consommation de carburant. Moins votre voiture oppose de résistance à l’air, moins elle consomme. Derrière cette équation simple se cache une réalité technique aux conséquences très concrètes : à 130 km/h, près de 60 % de l’énergie sert uniquement à lutter contre l’air.

Alors que les motorisations évoluent et que les prix du carburant fluctuent, comprendre l’aérodynamisme n’est plus réservé aux ingénieurs : c’est une clé d’économie à la portée de chacun.

Ce que dit la physique : pourquoi l’air résiste autant

Lorsqu’un véhicule roule, il doit repousser l’air devant lui. Cette résistance aérodynamique dépend principalement de quatre éléments :

  • ρ (rho) : densité de l’air (environ 1,2 kg/m³)
  • V : la vitesse (au carré)
  • Cx : le coefficient de traînée (forme du véhicule)
  • S : la surface frontale (largeur × hauteur)

La force de traînée est modélisée par la formule :
Fx = ½ × ρ × V² × Cx × S

Cela signifie que :
???? Plus vous roulez vite, plus la résistance augmente (au carré de la vitesse)
???? À 130 km/h, 80 % de l’énergie d’un véhicule sert uniquement à combattre cette résistance
???? Une réduction de 10 % du coefficient Cx permet jusqu’à 5 % d’économie de carburant

De la Citroën DS à la Mercedes EQXX : les progrès notables

L’aérodynamisme est devenu un enjeu central dans la conception des véhicules. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

PériodeCx moyenSurface frontaleConso à 130 km/h
Années 700,452,2 m²10,5 L/100 km
Années 900,352,1 m²8,2 L/100 km
Années 20200,282,0 m²6,0 L/100 km
Mercedes EQXX0,171,8 m²4,3 L/100 km

Grâce à un meilleur dessin de la carrosserie, à des bas de caisse lissés et à l’intégration de solutions actives (calandres mobiles, suspensions abaissées, etc.), les constructeurs gagnent des litres… sans changer le moteur.

Optimisations techniques et gestes simples à adopter

Du côté des constructeurs :

  • Forme générale inspirée de la goutte d’eau : forme la plus fluide possible.
  • Bas de caisse caréné pour réduire les turbulences.
  • Rétroviseurs compacts ou remplacés par caméras : jusqu’à 5 % de gain sur le Cx.
  • Jantes optimisées, grilles de calandre actives, suspensions qui s’abaissent automatiquement à haute vitesse.

Ce que vous pouvez faire à votre niveau :

ModificationGain sur le CxÉconomie estimée
Retirer les barres de toit-5 à -8 %Jusqu’à 4 %
Ajouter des déflecteurs-3 à -5 %Jusqu’à 2,5 %
Installer des jantes aéro-2 à -4 %Jusqu’à 2 %
Poser un carénage bas-1 à -3 %Jusqu’à 1,5 %

➡️ Ces petites améliorations peuvent se traduire par des dizaines d’euros économisés chaque année, surtout sur autoroute.

Une influence qui dépend de votre conduite

L’aérodynamisme devient critique au-delà de 90 km/h. À basse vitesse, son impact reste modeste, mais dès que vous accélérez, il devient un gouffre énergétique.

VitessePart de la résistance de l’airSensibilité au Cx
50 km/h30 %Faible
90 km/h50 %Moyenne
130 km/h75 %Très forte
150 km/h85 %Critique

➡️ Exemple concret :
Une BMW Série 3 avec un Cx de 0,26, roulant à 130 km/h, consommera 0,4 L/100 km de moins si le Cx passe à 0,24.
Sur 15 000 km/an, cela représente environ 80 € d’économies.

Vers le futur : innovations et limites physiques

Les pistes technologiques :

  • Surfaces actives qui s’adaptent à la vitesse ou au vent
  • Peaux à micro-aspiration, inspirées des animaux marins
  • Suspensions pilotées intelligemment
  • Matériaux hydrophobes et nanostructurés réduisant la friction

Mais il existe des limites :

  • Le Cx idéal pour une berline est théoriquement de 0,15
  • Il faut composer avec l’habitabilité, les normes de sécurité, et le design
  • Les véhicules très aérodynamiques peuvent perdre en confort ou praticité

Recommandations concrètes pour les conducteurs

À éviter :

  • Les galeries de toit inutilisées (+15 % de consommation)
  • Les porte-vélos non retirés après usage (+8 %)
  • Les éléments saillants ou non intégrés au design du véhicule

À surveiller :

  • Les joints de portières
  • L’état des trappes et carénages
  • Les accessoires mal fixés ou endommagés

À considérer lors de l’achat :

  • Favoriser les véhicules avec un Cx < 0,30
  • Éviter les SUV très hauts (souvent pénalisés)
  • Opter pour des versions « Eco » optimisées en usine

Suivre sa consommation et optimiser ses trajets

Au-delà des améliorations techniques, une conduite raisonnée et un suivi précis de sa consommation permettent d’agir efficacement au quotidien. En comparant les prix à la pompe dans votre secteur, vous pouvez également économiser plusieurs dizaines d’euros par plein. Il existe des outils simples pour cela : par exemple, cet outil pratique permet de localiser les stations les moins chères selon votre carburant, votre localisation et votre fréquence de déplacement.

Un levier méconnu, mais puissant

L’aérodynamisme est responsable de près de 40 % des progrès réalisés en consommation sur les vingt dernières années.
Sur autoroute, son rôle est encore plus déterminant : jusqu’à 25 % d’économie potentielle pour les véhicules les mieux profilés.

Pour les automobilistes attentifs à leur budget – et à leur impact environnemental – c’est une piste sérieuse à explorer :

✅ Adapter sa vitesse
✅ Supprimer les accessoires inutiles
✅ Choisir un véhicule au bon profil
✅ Envisager des améliorations simples mais efficaces